Une fois passée la délicieuse phase d'écriture "compulsive" (j'écris au fil de la plume, les idées viennent, s'enchaînent, et je les traduis par des mots, un peu comme je
décrirais un film), il est temps de retravailler ses écrits pour vérifier la cohérence de l'ensemble.
J'écris du policier/thriller, donc de la fiction : c'est romancé, soit, mais je tiens à garder du réalisme dans l'histoire ; les lecteurs ne doivent pas tomber sur un
anachronisme, une impossibilité ou une coquille qui casserait tout. Vigilance donc.
Des recherches s'imposent dans l'écriture de chacun de mes livres. Par exemple, le polar "Tuer n'est pas vivre" se déroule à New-York et je n'y suis jamais allée, de plus
mes références culturelles et sociales sont françaises. J'ai donc essayé de faire particulièrement attention à tout ce qui ne collerait pas avec la vie à New-York
aujourd'hui. J'ai vérifié scrupuleusement les éléments auxquels je fais allusion, le nom des quartiers, la fréquentation de tel ou tel lieu, les habitudes des habitants,
etc.
J'ai aussi utilisé des plans de lieux disponibles sur Internet et j'ai téléchargé plusieurs cartes de New-York et Manhattan (Internet m'a beaucoup aidée) !
Les reportages et documentaires télévisés ont également été une source intéressante pour mieux appréhender aussi bien les éléments les éléments relatifs à la vie
new-yorkaise que le sujet de la Mafia, un thème omniprésent dans "Tuer n'est pas vivre".
Qui dit polar, dit souvent crime, éventuellement armes... Là aussi, n'étant pas une experte en la matière (bien que des lecteurs me demandent parfois si j'ai travaillé
dans la police !) , des recherches un brin "techniques" se sont avérées nécessaires.
Fastidieux ? Non, pas quand le sujet vous plaît. Et c'est un travail nécessaire pour offrir aux lecteurs une histoire finalisée de qualité.
Enfin, il ne faut pas oublier le travail fourni par les béta-lecteurs : apportant un œil neuf sur l'histoire, ils repèrent des éléments qui échappent à l'auteur, trop
plongé dans son texte. Dernièrement, dans mon recueil de nouvelles policières en cours d'écriture, une béta-lectrice a relevé une impossibilité "administrative". Trop
prise par le rythme de mon histoire, j'avais zappé cet élément qui cassait la crédibilité de la révélation qui s'en suivait... L'erreur a été corrigée à temps.
J’évoquais dernièrement l’importance de la cohérence dans un roman ; un autre élément capital est le respect de la chronologie. Si votre roman se déroule sur plusieurs mois, voire plusieurs
années, il n'est pas envisageable d’oublier de changer de saison ou d’ignorer la météo (“Ils sont encore en été ?? Cela fait dix mois qu’ils sont en été...”, ou “Tiens, il neige dans ce passage,
pourtant vu la chronologie de l'histoire, on est en plein mois de juillet”). Par exemple, dans "Tuer n'est pas vivre", les trois tomes se déroulent sur plusieurs mois et j'avoue qu'au milieu de
l'écriture du tome 2, je ne savais plus trop à quelle période de l'année les protagonistes étaient censés se trouver...
La solution ? Mettre en place un calendrier, en parallèle de l'écriture du roman, et y pointer les événements en imaginant les dates auxquels ils se produisent, le nombre de jours séparant deux
scènes... Et ce même si lesdites dates ne sont pas explicitement mentionnées dans le roman. Tous les passages où un indicateur de temps est mentionné ("une semaine plus tard", "un mois s'était
écoulé", "le lendemain", etc) permettent de reporter les faits sur le "calendrier de suivi".
Pour compliquer les choses, je n’écris pas forcément mes histoires dans l’ordre chronologique. Quand une idée me vient, je la rédige rapidement, la mise en place se fait dans un second temps.
Selon mon humeur ou mon inspiration, je peux ainsi écrire une scène qui se trouvera provisoirement "détachée" du reste de l'histoire.
Enfin, et là je prends le cas du recueil de nouvelles policières que je suis en train d'écrire, la vigilance quant à la chronologie ne s'applique pas uniquement aux "longues histoires". Les
nouvelles que j'invente se déroulent sur quelques jours, ou quelques semaines pour certaines. Ce qui n'empêche pas les possibles erreurs de "timing" (une journée trop longue où on ne voit pas la
nuit venir, une semaine où on omet le week-end...). C'est donc parfois un pointage "heure par heure" ou "jour par jour" que je réalise.
Une de ces nouvelles, qui s'apparente à un road-movie, en est le cas le plus évident : les faits se déroulent sur deux jours et il faut tenir compte à la fois du temps et de l'espace ; la
progression en voiture des personnages ne peut ignorer les délais de parcours et une carte m'a été fort utile dans ce cas précis... J'ai ainsi réalisé, juste à temps, qu'ils comptaient s'arrêter
dans une boulangerie alors que, au vu de la distance parcourue, on était au milieu de la nuit !
Je l'avoue, les descriptions ne sont pas ce que je préfère dans l'écriture. J'affectionne davantage les dialogues. Ceux qui ont lu “Tuer n’est pas vivre” l'auront sans doute noté, si les descriptions des ressentis et des motivations des personnages sont bien développées, celles des lieux, en revanche, sont plus succinctes.
Néanmoins, il en faut un minimum pour situer l’action et surtout rendre l’atmosphère d’une scène. J’ai trouvé deux solutions pour m’aider, la première est de développer
autour de moi une ambiance auditive ou visuelle en rapport avec le ton de la scène (par de la musique, un film, un reportage...). En me plongeant dans l'état d'esprit
adéquat, cette atmosphère choisie facilite la venue des images dans mon esprit, que je retranscris ensuite par des mots.
La deuxième méthode renvoie à ce que j'ai déjà évoqué dans mes anecdotes : il s'agit d'aller "voir" à distance les lieux que l'on décrit. Par exemple, pour "Tuer n'est pas
vivre", j'ai situé l’action dans une ville que je ne connais pas (New York). Il existe des outils formidables (sites internet notamment) qui m'ont permis de visualiser des
rues ou des quartiers comme si j'y étais.
J'emploie toujours ces outils en ce moment pour l'écriture de mon recueil de nouvelles policières. Entre deux phases d'écriture, je peux passer de longues minutes à
“déambuler virtuellement” dans un secteur et observer le paysage, les façades, le mobilier urbain, les panneaux, la nature... Je sélectionne un endroit où situer ma scène
et c’est parti pour la (courte) description. Le fait d’avoir une “vue” sous les yeux permet à tout moment de vérifier la cohérence du récit (on risque moins d’oublier la
présence du lampadaire que l’on a cité au début du paragraphe si on l’a sous les yeux à l’écran par exemple).
Quand il écrit un roman, ou des romans, avec des personnages principaux, récurrents, l'auteur finit par tout savoir d'eux, ou presque. Ce qui ne va pas sans présenter
quelques risques.
D'une part, quand l’auteur est “habité” par ses héros, il peut facilement oublier que le lecteur n’est pas dans la tête de l’écrivain... Attention donc à ne pas tenir pour
acquis un élément qui paraît évident à l'auteur (puisqu'il l'a inventé) mais qui sera incompréhensible pour le lecteur, tout simplement parce qu'il n'est pas explicitement
mentionné. Tout doit être compréhensible pour une personne extérieure, qui découvre les personnages et l’action.
D'autre part, notamment quand on se lance dans un roman ou une série, on peut avoir tendance, au fil des aventures, à "oublier" quelques détails du début relatifs aux
personnages.
Afin d’avoir toujours bien en tête le détail de la personnalité de chacun, je rédige des fiches sur tous les personnages. Celles-ci peuvent être succinctes quand il s'agit
de personnages apparaissant dans une courte nouvelle et qui n'ont pas vocation à réapparaître par la suite, ou vraiment développées pour les héros récurrents de "Tuer
n'est pas vivre", par exemple. Wade, Marina, Tony et les autres font chacun l'objet d'une fiche détaillée mentionnant aussi bien leur date de naissance, leur description
physique, leurs traits de caractère, leur histoire, leurs relations, jusque dans les détails (tatouages, cicatrices, allergies, pseudos...). Pour les personnages
secondaires, les fiches sont légèrement moins détaillées mais elles existent aussi.
"Tuer n'est pas vivre" se déroulant sur plusieurs mois, il est important de ne pas oublier au fil des pages les éléments communiqués au début sur tel ou tel personnage, ni
de les contredire ensuite. Mes fiches sont donc évolutives : j'ajoute des parties, en indiquant à quel moment de l'histoire tel ou tel élément est mentionné. Dès le début,
j'ai indiqué sur les fiches des éléments à ne révéler que par la suite, mais je les avais déjà en tête au cours de l'écriture.
Développer les personnages est à mes yeux un jeu d’équilibre : ne pas trop en dire pour laisser à chaque lecteur la possibilité de faire son opinion en toute liberté, mais
en révéler suffisamment pour assurer la cohérence des actions et réactions des protagonistes.
Aussi loin que remontent mes souvenirs d'écriture, j'ai toujours employé la troisième personne et l'imparfait/passé simple dans mes textes. La plupart des livres que j'ai lus étaient ainsi
rédigés et cela me semblait évident. Ce sont des retours de lecteurs/lectrices qui m'ont fait prendre conscience que ce parti pris n'est pas une évidence pour tous et qu'il peut avoir ses
limites.
Les "reproches" émanant ainsi des lecteurs qui se disaient gênés par l'emploi du passé et/ou d'une narration à la troisième personne (notamment dans "Tuer n'est pas vivre") portent
essentiellement sur la distance instaurée entre le moment du récit et le moment de la lecture, ainsi que sur l'identification aux personnages.
Je me suis efforcée de comprendre ce mécanisme, dans un premier temps en lisant à mon tour des récits au présent et/ou écrits à la première personne. Pour ma part, j'avoue que quand j'éprouve des
difficultés à entrer dans une histoire, ce n'est pas du fait du temps employé ou du point de vue narratif (plutôt un problème avec le contenu, les personnages...).
Mais j'ai aussi pris conscience qu'en tant qu'auteur, mon point de vue est forcément différent de celui du lecteur. Quand j'écris, je relate une histoire qui se déroule dans mon esprit, un peu
comme si je regardais un film. Il n'y a donc pas de mise à distance pour moi, je suis absorbée dedans. Pour un lecteur qui "découvre" ce monde de l'extérieur, des éléments tels que le temps
employé ou le point de vue narratif peuvent contribuer à créer une distance. Certains lecteurs disent aimer pouvoir se mettre "dans la tête" du personnage avec l'usage de la première personne,
d'autres n'aiment pas, d'autres enfin n'y accordent pas d'attention particulière... Aucun style ne plaît à tout le monde !
J'ai cependant profité de l'occasion que m'offre l'écriture du recueil de nouvelles policières (sur lequel je travaille en ce moment), pour sortir un peu de ma zone de confort et m'essayer à des
textes écrits au présent, d'autres à la première personne... Et c'est une expérience très intéressante ! J'ai naturellement tendance à revenir à l'imparfait/au passé simple quand j'écris (mais je
me corrige à la relecture), par contre utiliser une narration à la première personne m'a bien plu, j'ai d'autant plus l'impression de me glisser dans la peau du personnage.
Alors pour mes prochains textes (il devrait y en avoir), je ne jurerai de rien !
Ah, le fameux "résumé", celui qui doit attirer les lecteurs, leur mettre l'eau à la bouche, comme on dit, sans trop en dévoiler non plus. Un vrai casse-tête, et pourtant un passage incontournable
!
Les techniques divergent, malgré quelques constantes que j'ai pu relever auprès d'auteurs ou sur des blogs spécialisés : il convient d'en révéler suffisamment pour donner envie au lecteur sans
"spoiler" non plus, placer l’histoire dans son contexte (lieu, époque) et présenter les personnages principaux. Ensuite, développer l’intrigue, évoquer les références (littéraires,
cinématographiques...) s’il y en a.
La principale difficulté reste de se mettre à la place du lecteur, l’auteur ayant tellement lu et relu (on l’espère) son livre qu’il le connaît presque par cœur. De même, les personnages, issus
de son imagination (je parle ici d’œuvres de fiction), n’ont plus de secrets pour lui. Il n’en va pas de même pour le lecteur. Les émotions auxquelles celui-ci doit s’attendre en plongeant dans
le roman sont mises en évidence par ces quelques lignes, le ton du livre doit nécessairement ressortir.
Pour ma part, j’ai trouvé une petite astuce pour rédiger mes “résumés” : je commence par lister des mots clés qui me paraissent être les thèmes principaux du roman. Ensuite, je créé un résumé qui
inclut tous ces mots-clés. Plusieurs relectures sont nécessaires.
Certaines quatrièmes de couverture présentent un passage du livre, un morceau d’un dialogue, un extrait d’une description. Ils doivent, dans ce cas, être particulièrement représentatifs de
l’esprit de l’œuvre. Dans mon cas personnel, je n'ai fait le choix de l'extrait que pour le 3è tome de "Tuer n'est pas vivre" car il s'agit d'une série et je suis partie du principe que les
lecteurs qui se pencheraient sur ce troisième opus avaient lu les précédents et connaissaient donc le contexte général ainsi que les protagonistes. Néanmoins, j'y ai ajouté un petit résumé
présentant quelques péripéties auxquelles les héros allaient être confrontés.
La quatrième de couverture du recueil de nouvelles policières "Cinq nuances de polars", que je finalise en ce moment, me donne moins de difficultés : donner le ton de l'ensemble, présenter le
style et le titre de chacune des nouvelles, ainsi que le contexte.
Le découpage en chapitres est une question qui se pose pour moi une fois le manuscrit terminé. De nombreux sites, blogs, forums, liés à l’écriture fourmillent de conseils sur cette étape. Grosso
modo, on relèvera deux possibilités pour choisir le moment où terminer un chapitre pour aborder le suivant : la première option consiste à achever un chapitre à la fin d’une action ou d’un
épisode avec une unité temporelle, ce qui permet alors au lecteur de faire une pause, voire de déposer le livre (temporairement !) pour y revenir plus tard. La deuxième option, au contraire
(quand l’auteur est un peu sadique et désire que le lecteur ne lâche pas le livre jusqu’à la page finale et tant pis s’il y passe la nuit !), tend à clore le chapitre sur une révélation clé, un
moment où l’action rebondit tel que “elle se retourna, il braquait une arme sur elle”, “je vais te dire qui est ton père”, etc.
Pour ma part, j’alterne les deux possibilités. Quand une action se déroule avec un décalage temporel marqué par rapport à la précédente, ou que l’on passe de la situation d’un personnage à
celle d’un autre, sans lien apparent entre les deux, clore un chapitre me paraît une bonne opportunité pour laisser le lecteur faire une pause. Mais de temps en temps, j’aime bien jouer un peu
avec le suspense et donner envie au lecteur de passer de suite au chapitre suivant en terminant l’action sur une révélation, un moment crucial. Je l’interprète comme un test du pouvoir addictif
de l’histoire : bien sûr je ne serai pas aux côtés du lecteur et ne saurai donc pas s’il s’est rué sur le chapitre suivant ou s’il a tout de même posé le livre, mais j’en prends le pari.
Un dernier mot sur la longueur des chapitres (vous trouverez là aussi bon nombre de conseils sur Internet, je ne fais ici que partager avec vous ma manière personnelle de procéder) : d’une
manière générale, il est admis que des chapitres courts donnent du rythme au roman. C’est le choix pour lequel j’ai opté dans les polars de ma série "Tuer n'est pas vivre", avec des chapitres
d'une vingtaine de pages dont j’essaie d’harmoniser la longueur, même si, pour les besoins de l’histoire, certains sont plus longs que d’autres, le principal étant de maintenir une découpe
cohérente. Dans mon recueil de nouvelles "Cinq nuances de polars", les chapitres sont forcément plus courts mais j'ai essayé là aussi de les équilibrer.
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