Résumé :
"Le chagrin me broie le coeur, intense, intact, quand je me remémore ce matin de janvier 1979. Un silence angoissant s'était abattu sur Téhéran, comme si notre capitale, à feu et à sang depuis
des mois, retenait soudain son souffle. Ce 16 janvier nous partions..."
Et pourtant, l'histoire avait commencé comme un conte de fées. À vingt et un ans, Fàrah Diba épouse Mohammad Reza Shâh Pahlavi. La vie de cette jeune fille bascule en l'espace dé quelques
mois, elle est sacrée impératrice, elle apparaît dans la presse du monde entier... Tout en donnant naissance à quatre enfants, la jeune reine assume son nouveau rôle avec beaucoup d'humanité,
s'engageant dans de nombreuses actions sociales et culturelles.
Vingt ans plus tard, la gloire se transforme en cauchemar : manifestations, émeutes, et le départ précipité du Shâh, déjà gravement malade, exilé à jamais sans trouver de refuge, errant des
Bahamas au Mexique, caché un temps dans un hôpital new-yorkais, avant de trouver celui qui aura le courage de les recueillir, le président Anouar el-Sadate — lui-même assassiné par les
intégristes un an et demi plus tard.
Pour la première fois, la Shahbanou Farah, épouse du dernier empereur d'Iran, rompt le silence.
Mon avis :
C’est avant tout un témoignage personnel, que j’ai découvert par curiosité, ne connaissant que très vaguement cette période de l’Histoire (la chute du Shah, c’est-à-dire du roi d’Iran, renversé
par le régime religieux des ayatollahs à la fin des années 70).
Farah Pahlavi, troisième épouse du Shah et mère de son fils héritier, nous livre ici un récit de ses souvenirs, depuis son enfance jusqu’à sa rencontre avec le roi, leur mariage, les années de
règne, puis la chute du régime, la fuite à l’étranger, de pays en pays, et pour finir la maladie qui a emporté son époux.
Il serait absurde de chercher à entamer un débat politique sur la situation en Iran à l’époque de la royauté à partir du témoignage d’une femme qui, de par son rôle, fut directement concernée par
les évènements (de plus, elle le dit elle-même, elle était issue d’un milieu aisé favorable à la monarchie). Néanmoins, ces "Mémoires" nous offrent un point de vue, et c’est ainsi que je l’ai
considéré pendant toute la lecture. Un hommage aussi, à la culture iranienne, riche et ancienne, et une déclaration d’amour à un peuple dont Farah Pahlavi est fière de faire partie.
Au fil des pages nous sont livrées des anecdotes sur la difficulté à prendre des fonctions royales quand rien ne vous y avait préparé, ce qui fut apparemment le cas de Farah Pahlavi qui se
destinait à devenir architecte (elle a d’ailleurs fait une partie de ses études en France). C’est aussi un témoignage du délicat équilibre à construire entre une vie de famille (le couple a eu
quatre enfants) et les responsabilités liées au rang, entre représentations publiques, investissement dans des actions « humanitaires », participation aux rencontres avec d’autres chefs
d’Etat.
J’ai trouvé la dernière partie développant avec force détails médicaux la dégradation de la santé du Shah, alors en exil, un peu trop longue, même si l’aspect politique n’est pas dénué d’intérêt
(on voit notamment comment les portes se sont fermées à lui dans différents pays jadis « alliés », du fait d’évolutions politiques). Dans l’ensemble, malgré le parti pris évident de mettre en
avant l’action positive du Shah pour développer son pays, cet ouvrage demeure un témoignage intéressant et humain, où se mêlent l’histoire personnelle et l’Histoire avec un grand « H ».
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